Pourrie. Voilà comment Myles décrirait la journée qui venait de s’écouler. Mais cela était devenue une habitude pour lui. Ses jours heureux étaient maintenant très très loin derrière lui. Il avait l’impression que l’époque où il était encore un jeune homme charmant, insouciant au brillant avenir devant lui se situait il y’a des années lumières de ça. Alors qu’en réalité seulement 4 ans s’était écoulés. Une éternité pour lui. Myles avait fait 5 ans d’études de médecine et tout ça pour quoi aujourd’hui ? Se retrouver au chômage, jonglant de ci de là avec des boulots minables. Quelle récompense. En même temps à qui la faute ? Il ne pouvait espérer s’attendre à mieux avec toutes les conneries qu’il faisait. Brefouille, ce matin Myles passait une entrevue pour essayer de décrocher un job de serveur dans un des bars du coin. A prioris ce poste ne requérant pas de très grandes compétences il avait ses chances. Seulement voilà c’était sans compter son passé qui le rattrapait toujours…Dès l’instant où le patron du bar apprit qu’il avait fait un séjour par la case prison il se braqua tout de suite. Son opinion était déjà toute faite : pas d’ex taulard chez lui. Oh bien sur il ne le prononça pas clairement, à la fin de l’entrevue il lui promit de la rappeler mais Myles savait ce qu’il en était. Il n’aurait aucune nouvelle. Toujours la même rengaine, il avait l’habitude maintenant. Personne n’était prêt à prendre le risque d’engager un type qui sortait tout juste de prison. Bah oui après tout pourquoi le choisir lui alors que pleins d’autres personnes avec un casier judiciaire vide pouvait faire l’affaire ? Ils ne voulaient pas prendre le risque d’entacher leur réputation. Quelle merde ! Bon en même temps il ne s’engagerait pas lui-même. Fallait être honnête ce n’était pas le meilleur employé de l’année, de 1) il refusait toute autorité, de 2) il passait son temps à boire, de 3) il se montrait trop brutal avec les clients et de 4) il provoquait des bagarres. Pas étonnant que personne ne veuille de lui. Mais c’était décidé la prochaine fois il ferait des efforts et surtout ne mentionnerait pas le fait qu’il ai fait de la prison. Bien sur c’était illégal, son officier de probation l’avait clairement averti qu’il était obligé d’avertir sur son passé sinon il risquait encore des ennuis. Mais au diable ce pauvre type ! De toute manière depuis sa libération cela faisait longtemps qu’il avait déjà enfreint sa conditionnelle. Entre courses de voiture illégales, sa ligue de combat…Myles ne faisait rien pour rentrer dans le droit chemin. Que voulez vous fallait savoir vivre dangereusement !

L’après midi Myles devait participer à un combat. Tout était déjà organisé, l’heure et le lieu du rendez vous. Tout ce se faisait évidemment devant un public. Il fallait probablement être maso pour aimer aller à la bagarre, surtout que leur truc c’était assez violent. Mais pour Myles c’était nécessaire, cela lui permettait de décharger toute la haine qu’il avait en lui, une sorte d’exécutoire. De plus Myles était extrêmement doué, d’ailleurs c’est simple il n’avait encore jamais perdu. Le combat fut plutôt rude, son adversaire se révélant être plus acharné qu’il ne l’aurait cru, mais Myles réussit à en sortir vainqueur, mettant l’autre KO. Myles était quand même quelque peu amoché, se retrouvant avec un œil au beurre noire, la lèvre coupé et sûrement quelques côtés fêlées. Ce merdeux lui avait foutu un sale coup de pied dans le flanc droit. Heureusement Myles était un dur à cuir, son seuil de tolérance à la douleur était élevé. La plupart des gens auraient courus aux urgences se faire soigner mais pas lui. Pourquoi se rendre à l’hôpital ? Un peu de glace et ça fera l’affaire. De toute manière il avait horreur des hôpitaux, et de plus il n’avait pas besoin qu’on lui pose une dizaine de question sur les raisons de ses blessures.

Ce n’est qu’en fin d’après midi que Myles rentra chez lui. Il passait toujours toute la journée dehors, faisant croire à sa colocataire qu’il travaillait alors qu’en réalité il n’en était rien. Non pas qu’il ai honte d’être au chômage, seulement il n’avait pas envie de se faire harceler par Elea pour qu’il trouve au plus vite un job. Ainsi il avait la paix. Malheureusement il savait que la situation ne pourrait pas durer éternellement. Elle allait bien finir par s’en rendre compte, surtout quand il ne pourrait plus payer le loyer. Bah chaque problème en son temps. Quand Myles déboula dans l’appartement, comme il ne vit personne il crut être seul. Il alluma la chaîne hifi dont il poussa le volume quasiment à fond, puis se prit une bière dans le frigo pour s’affaler sur le canapé. C’est dans cette position qu’Eleah le trouva, une bière à la main, les pieds posés sur la table. Ouups il n’était pas seul. A vrai dire même en sachant qu’elle était là il aurait probablement agit de la même manière. Myles fut quelque peu contrarié qu’elle vienne comme ça lui baisser le son. Néanmoins un sourire moqueur se dessina sur son visage.

« Bien maman » rétorqua t’il en se foutant ouvertement d’elle « C’est que je ne voudrais surtout pas te déranger dans la réalisation de tes chefs d’œuvres » Il insista bien sur ces deux derniers mots, montrant ainsi le peu de crédit qu’il accordait à ses peintures et à son pseudo talent. M’enfin si ça l’amusait de gribouiller sur une toile tant mieux pour elle. En même temps son petit passe temps était plutôt agréable dans la mesure où ainsi elle se terrait dans son trou, lui permettant d’être tranquille. Sauf que malheureusement la demoiselle avait besoin de calme pour peindre. Myles but une autre gorgée de sa bouteille. Il espérait simplement qu’Eleah débarrasse le plancher, mais apparemment elle n’avait pas l’air prête à le laisser en paix.

J'attends une quelconque réaction de sa part. Peut être même des remords, de sa part. Mais j'ai oublié devant qui je me trouve. Myles n'est pas quelqu'un qui éprouve des remords, surtout pour une musique qui était, selon moi, un peu trop forte. Il me sort un sourire moqueur. Vas-y moque-toi, de toute façon, je m'en fiche. Voila.

« Bien maman »

Je soupire de colère, il se fout de moi. Carrément, ouvertement ... Je vais le tuer. Non, je jure que je vais le tuer.

« C’est que je ne voudrais surtout pas te déranger dans la réalisation de tes chefs d’œuvres »

Woh ... Sans le vouloir, j'ai un mouvement de recul à la fin de sa phrase. S'il m'avait mis une baffe, j'aurai moins eu mal, surement. Mes chefs d'œuvres ... Si seulement il savait, que je fais partie de ces filles qui n'arrivent pas à finir une toile. Qui a des rêves, mais qui n'arrive pas à les attraper. C'est pas parce que les gens ont de l'argent et des parents près d'eux, qu'ils sont forcément heureux.

Dans un mouvement de perte de contrôle, je reprends le pinceau que j'avais en main il y a deux secondes. Sans le vouloir, je tire même mes cheveux. Et lui ? Il continu avec son petit sourire ... S'il avait pas sa gueule d'ange il n'aurait jamais atterrit chez moi, je crois. C'est de ma faute, je l'avoue, la prochaine fois, je ne jugerai pas mon futur colocataire à son physique.

Je tape ma main gauche avec le pinceau, dans un mouvement répétitif. J'aimerai pouvoir répliquer, lui dire quelque chose qui pourrait le vexer autant que moi je suis touchée. Mais rien ne sort, et mes yeux se concentrent sur les marques qu'il porte sur son visage. Qu'est ce qu'il a fait encore ?

Alors je soupire encore, avant de poser mon pinceau sur la table basse, et d'essuyer mes mains pleines de peinture sur le bas de ma salopette. Je pince mes lèvres pour réprimer une réplique méchante, je ne suis pas méchante ... De toute façon, je ne saurai pas quoi faire, pour être méchante.

- Tu es beau comme ça, tiens !

Ça avait été plus fort que moi, c'était sorti tout seul avant que je ne m'éclipse dans la salle de bain. Je ne voulais pas savoir ce qu'il allait répliquer après ma phrase, ou encore regarder son visage me passer toute la palette de ses expressions.

J'attrape du coton, de l'alcool, et je passe par la case cuisine pour prendre des glaçons. Je finis par revenir devant lui et je pose tout mon attirail à coté de mon pinceau, sur la table basse. Je le re-regarde, et mordille ma lèvre inférieure. J'incline le visage sur le coté, avant de prendre un bout de coton et de le mouiller avec l'alcool.

- Tu le fais tout seul, ou tu as besoin de mon aide, idiot ?

Et bizarrement, je le voulais sec, mon "idiot", pourtant, il sonne presque affectif. C'est la faute à son visage, ça. Même lorsqu'il se moque de moi, on dirait un ange, Myles ... Méfiez vous des apparences, comme on dit.

Myles n’avait pas vraiment de raisons particulières de s’en prendre à Eleah. A dire vrai il n’avait strictement rien contre elle, seulement c’était plus fort que lui. D’ailleurs il avait beau s’en prendre à ses peintures la vérité c’était qu’il ne les avait jamais vu. Seulement il avait été assez observateur pour se rendre compte que c’était un point sensible chez elle, voilà pourquoi il s’en servait. Mais qu’Eleah se rassure elle n’était pas la seule à subir ses assauts, tout le monde en prenait pour son grande, mais malheureusement pour elle étant sa colocataire bah elle devait le supporter fréquemment. Myles a tellement été déçu par la race humaine dans le passé qu’il en est venu à ne plus faire confiance à personne et à rejeter tout le monde. Il avait une telle rage en lui…il en voulait au monde entier. Mais dans le fond Myles n’était pas réellement méchant, il ne prenait pas son pied à blesser Eleah. Simplement il s’était construit une carapace infranchissable afin de se protéger… Et pour cela ça passait par le fait de ne s’attacher à personne, de ne pas les laisser entrer dans sa vie…Conclusion il se la jouait souvent sarcastique, je m’en fou de tout, et monsieur je-n’ai-besoin-de-rien-ni-personne. Et dans un sens il agissait ainsi en quelque sorte pour le bien d’Eleah. Valait mieux qu’elle le déteste plutôt qu’elle se prenne d’affection pour lui, parce qu’aux résultats des courses elle finirait par en souffrir. Myles n’était carrément pas quelqu’un de fréquentable il le savait.

Myles avait du mal à bouger. Dès qu’il faisait un mouvement il grimaçait de douleur en se tenant le flanc droit. Putain de merde ! Ça le faisait chier de se montrer aussi faible devant Eleah. Il avait sa fierté quoi. A ses yeux ça reviendrait à s’abaisser que de lui demander son aide. Et pourtant au fond de lui que son aide serait des plus bénéfiques mais ça il avait beaucoup de mal à l’admettre. Hors de question même. D’ailleurs en parlant d’elle voilà que mademoiselle décidait de se la jouer butée en s’obstinant à rester. Elle s’assit sur la table pile en face de lui. Non mais vous le croyez ça ? Il lui avait pourtant montré clairement le fait que sa présence était indésirable en lui balançant ses piques assassines, mais non elle s’acharnait à rester ! Ne serait elle pas maso sur les bords ? Parce que là il y’avait de quoi se poser la question…

-Ouais, t’as raison, tu n’as besoin de personne.

Myles avait en tête toute une flopée de remarque blessante à lui balancer mais pour une fois il s’abstint. Il était quand même assez impressionné par sa détermination et le fait qu’elle ne se démontait pas devant lui malgré ô combien il était exécrable. Un vrai pot de colle ! Ok il avait une gueule d’ange mais tout de même ! Myles était légèrement curieux de connaître les raisons qui la poussaient à rester auprès de lui alors qu’il ne le méritait pas. Bah il n’y avait pas à chercher plus loin, elle était tout simplement gentille voilà tout. Trop pour son propre bien être. Un jour ça la perdra. Il se demandait pourquoi elle ne lui avait pas encore demandé ce qui lui était arrivé…Remarque elle s’en fichait probablement.

Constatant qu’Eleah n’était pas prête de déguerpir, Myles soupira en signe de découragement, comme si pour cette fois il la laissait gagner.

« Tu sais que t’es vraiment une emmerdeuse Blondie ? » Oui un des surnoms qu’il lui avait attribué sans lui demander son avis d’ailleurs. Brefouille il n’avait pas clairement annoncé qu’il acceptait son aide, mais son comportement lui laisser clairement signifier qu’il était prêt à se laisser faire. Après tout plus vite il coopérerait, plus vite elle déguerpirait, non ? Ce qui le préoccupait le plus ce n’était pas ses contusions au visage, mais plutôt ses côtes. A coup sur il en avait quelques unes de cassé ! Et ce qui l’emmerdait ce n’était pas tant le fait que ça faisait mal mais plutôt que ces prochains jours il allait devoir y’aller molo et éviter les combats.

Myles avait de drôles de manière pour lui montrer qu’il était prêt à se laisser faire. La plupart des gens l’aurait remercié, mais pas lui. Mais après tout il ne lui avait rien demandé ! Bref elle ferait mieux d’en profiter tant qu’il était dans son bon jour, ou plutôt dans sa bonne minute…

- J’sais oui, mais c’est comme ça qu’on m’aime.

Elea n’avait pas tout à fait tort puisque Myles commençait à l’apprécier de plus en plus… Mais chuuuut c’était un secret. Comme si il allait l’avouer, jamais de la vie.

« Si tu le dis… »
- Mets ça sur ton œil, sinon tu vas enfler, et déjà que t’es pas très beau faudrait pas que ça empire.

Haha très drôle. Il avait une gueule d’ange et elle le savait parfaitement (a). Il prit le torchon rempli de glaçons qu’elle lui tendit et le mit sur son œil tuméfié comme elle le lui avait demandé. Rhalalala depuis quand il obéissait aux ordres ? Elea ne lui laissa pas le temps de rétorquer quoi que ce soit que voilà qu’elle l’attaquait avec un désinfectant. Evidemment lorsque le produit entra en contact avec sa plaie ce ne fut pas une sensation des plus agréables…Mais Myles ne fit même pas un mouvement de recul ou une grimace, comme si cela ne lui faisait rien. Disons qu’il savait encaisser la douleur, et que ça à ses yeux ce n’était clairement rien. Et puis si il avait peur de la douleur, il ne s’engagerait certainement pas dans une ligue de combat illégale. Finalement peut être que lui aussi était maso, qu’il aimait souffrir allez savoir…

Myles trouvait quand même la situation extrêmement bizarre. Le visage d’Elea à quelques centimètres du sien… Jusque là ils ne s’étaient jamais retrouvés aussi proche. Avec une telle proximité il pouvait même sentir son souffle sur son visage. Alors qu’elle s’attelait à soigner sa lèvre Myles en profita pour la regarder dans les yeux, essayer de sonder son esprit. N’était ce que le fruit de son imagination où la main de la demoiselle tremblait ? En tout cas il ne la laissait pas insensible, ouep.

Quoi qu’il en soit, vous avez remarquez que Myles était incroyablement silencieux ? Aucune vanne, aucun pique acerbe. Il se laissait simplement faire sans rien dire. Un vrai exploit. Pas sur que cela dure encore très longtemps. Voilà que Blondie en eut enfin fini de soigner son visage. Alors qu’il pensait qu’elle allait en rester là, son job étant fini, voilà que maintenant elle voulait qu’il se déshabille !

- Tu me montres un peu ce que tu as sur le ventre maintenant ? Ou je dois enlever ton t-shirt de force ?

Décidément elle prenait son rôle d’infirmière très à cœur, ou alors…elle voulait tout simplement profiter de lui. Myles fut tenté de refuser, surtout qu’il ne voyait pas vraiment ce qu’elle pourrait faire pour lui de ce côté-là, m’enfin…Pourquoi pas ? Plus vite ils en auraient fini, plus vite elle serait parti, et avec elle cette situation bizarre.

« Ah ça te plairait ça… » Rétorqua t’il à sa menace de lui enlever son T-shirt de force, un sourire en coin. « Qu’est ce que tu ferais pas pour profiter d’un homme blessé » Sur ce, Myles entreprit d’oter son Tshirt. Lorsqu’il leva les bras pour cela il souffrait le martyr mais il se contenta de serrer les dents et de l’enlever en silence. « Satisfaite ? » Myles se retrouvait maintenant torse nu, dévoilant son corps parfaitement musclé. Pas un pet de graisse. En même temps avec un séjour de 2 ans en prison avec autre occupation que de faire des pompes et soulever des poids, pas étonnant… Il gardait quelques souvenirs de ce séjour. En effet on pouvait apercevoir son tatouage sur la hanche gauche avec l’inscription « Godspeed » qu’il s’était fait faire là bas. Ensuite il avait une légère cicatrice au niveau de l’abdomen, autre vestige de son passage en prison… Après on pouvait constater qu’il avait un second tatouage sur le bras droit représentant un dragon entouré de graphiques rouges. Mais ça il se l’était fait faire avant donc rien avoir.

« Alors docteur, de quoi je souffre ? » Puisque apparemment elle savait tout faire. Bien que lui savait pertinemment ce qu'il avait : deux côtes fêlées. Elea n'était pas au courant mais il avait fait tout de même 5 ans d'étude de médecine. Cela ne faisait pas de lui un médecin pour autant, mais bon il avait des connaissances. Y'avait rien à faire, tout ce qu'il lui fallait c'était un peu de repos.

« Ah ça te plairait ça… »

Je réprime un autre sourire en attendant qu’il se décide. Non pas que ça ne me plairait pas, Myles est beau tout simplement, et j’ai aperçu son torse une fois ou deux, juste assez pour savoir qu’il est presque parfait. Mais soyons réalistes, si je lui retire son t-shirt la situation sera plus que bizarre après ça.

« Qu’est ce que tu ferais pas pour profiter d’un homme blessé »

J’affiche une mine outrée après sa phrase. Non, mais, je ne profite de personne moi. Jamais. Tout ce que je veux c’est tenter de l’aider. Et avec une tête de mule comme lui, ce n’est pas la tache la plus facile au monde à entreprendre.

Mais bon, il se décide enfin à retirer son t-shirt et même si encore une fois, il ne montre pas qu’il souffre, je la ressens dans ses gestes moi, sa douleur. J’attends en silence qu’il finisse. Et je soupire lorsqu’enfin il est torse –nu.

« Satisfaite ? »

Non, pas pleinement, j’aurai préféré qu’il n’est pas mal, et que je n’aie pas à me retrouver dans cette situation. J’aurais préféré que mes mains ne soient pas moites à la vue de son corps. Et je suis presque sure que mes joues s’empourprent. Génial, s’il ne me prenait pas pour une sainte avant ; Il me prend pour une sainte maintenant.

« Alors docteur, de quoi je souffre ? »

Je soupire, et reprends le contrôle de moi-même. Sans le vouloir réellement, je me surprends à dessiner avec mon regard chacune des courbes que fait son torse. Mes yeux s’attardent sur ses tatouages, et sa cicatrice. Qu’est ce qui lui était arrivé à Myles, pour qu’il soit marqué comme cela ?

J’incline le visage en pinçant mes lèvres, sans trop savoir quoi faire … Je sais qu’il s’est battu, mais je me demande qui a pu autant l’amocher. La dernière fois que j’avais eu mal moi, c’était parce que j’avais chuté de mon cheval … Alors lui, qu’est ce qu’il avait fait ?

Mes sourcils se froncent dans un automatisme devant mon ignorance, et je m’énerve seule de ne pas en connaître assez sur lui. J’aurais du le questionner, vouloir en savoir plus sur sa vie et ce qui fait qu’il est comme ça. Solitaire à ne vouloir personne proche de lui. Je devrais savoir même, pourquoi il empêche le monde de l’approcher.

Ouais, je devrais savoir, j’aimerais savoir, mais au lieu de ça, je suis là devant lui sans savoir quoi lui répondre. Et de plus je suis certaine que maintenant il le voit mon mal-être. Il comprend autant que moi je le comprends, que je n’aurais pas du m’approcher tant de lui. La proximité avec les gens me mets mal à l’aise. Et la notre en est presque intenable.

Sans savoir pourquoi, je pose ma main gauche sur son coté droit, parce que c’est apparemment là, qu’il a le plus mal. Je mordille mes lèvres, réfléchissant. Et je finis par choisir l’option glaçon pour ce mal là, aussi.

- A vrai dire, je n’ai aucune idée de ce dont tu peux souffrir … Je finis par lui dire vaincue, ma main tenant un glaçon toujours posée sur lui, en redessinant le même chemin sur ses cotes à chaque fois.

Je tente un sourire, et pourtant j’ai du mal à y arriver à sourire. Je n’aime pas le savoir dans des situations pas croyables, Myles, même s’il est insupportable parfois. Il est quand même celui qui partage ma vie, enfin, qui vit avec moi quoi, je me comprends.

- Avec toi chez moi, il faudra que j'investisse dans une trousse à pharmacie beaucoup plus importante que celle que je possède. Je lui dis avec un sourire forcé. Je reporte mon attention sur son mal, sans dire un mot. Et pourtant ma curiosité est toujours là, alors c’est avec un certain désintérêt que je tente de lui demander ; Qu’est ce que tu as fais pour te retrouver comme ça, Myles ? J'hésite encore, alors je relève le regard pour planter mes yeux dans les siens, gênée, je me rétracte. Tu ... Tu n'es pas obligé de répondre, tu sais.

Myles esquissa un sourire en voyant la mine outrée qu’avait prit Blondie quand il parla du fait qu’elle profitait de lui. Evidemment c’était juste pour l’emmerder, il savait bien qu’elle n’était pas de ce genre là. Enfin le savoir était un bien grand mot, disons juste qu’il le sentait. Mais bon après tout il pouvait se tromper, il ne connaissait rien d’elle. En même temps il n’avait rien fait non plus pour en apprendre plus sur sa personne. Myles remarqua les joues de la donzelle s’empourpraient à la vue de son corps d’Apollon (a). N’était-elle pas mignonne ainsi ? Son embarras évident l’amusait. Voilà pourquoi il ne faisait rien pour la mettre plus à l’aise. En revanche de son côté une telle proximité ne le dérangeait pas plus que ça. Bon en même temps c’était un homme aussi.

Il fut quelque peu surpris quand elle osa poser sa main sur son abdomen. Un léger frisson parcouru tout son corps. En fait pas si sur que ça soit une bonne idée qu’elle se trouve aussi près de lui. Car elle avait beau être une terrible emmerdeuse insupportable il n’en restait pas moins qu’elle restait une femme terriblement sexy. Encore heureux elle avait de la chance de ne pas avoir affaire à un sauvage, qu’elle se rassure il n’allait pas lui sauter dessus. En revanche le fait qu’elle m’examine ainsi sous toutes les coutures le dérangeait un peu. Il avait l’impression de passer à travers des rayons X, qu’elle le détaillait au peigne feint comme pour connaître le moindre de ses secrets. Une sensation désagréable pour quelqu’un d’aussi mystérieux que lui.

A vrai dire, je n’ai aucune idée de ce dont tu peux souffrir …

Bah voilà, comme ça c’était dit. Haha il le savait bien qu’il avait ôté son T-shirt pour rien, à part pour qu’elle puisse se rincer l’œil. Et c’est d’un œil amusé qu’il la vit mettre de la glace sur ses côtes. Elle est drôle…ça sert complètement à rien.

« Nous voilà beaucoup avancé alors…Si ça se trouve je fais une hémorragie interne et du à ton ignorance je vais mourir » Quoi ? C’était possible non ? Bon d’accord… Et au vu de la tête d’Elea ça ne la faisait pas rire. « Ça va je plaisante. J’ai que deux côtés fêlées, et y’a rien à faire à part attendre que ça se répare tout seul. Donc je pense que tu peux ôter tes mains de mon corps… »

N’empêche elle paraissait vraiment concernée par son état. Myles trouvait cela quand même étrange qu’elle s’en soucie autant. Après tout c’est vrai il était insupportable et pourtant la voilà à ses petits soins. Cela faisait parti des mystères à résoudre… Evidemment il ne l’avouerait jamais, mais dans le fond cela le touchait qu’elle se souciait autant de lui. C’était malheureux à dire, mais à part elle qui se serait préoccupé de son état ?

- Avec toi chez moi, il faudra que j'investisse dans une trousse à pharmacie beaucoup plus importante que celle que je possède.

Elle n’avait pas tort. Parce qu’elle risquait fort de le retrouver dans la même situation assez fréquemment…Car quand même il ne participerait pas à ces combats de rue, il avait tendance à provoquer des bagarres naturellement. Un vrai don chez lui.

- Qu’est ce que tu as fais pour te retrouver comme ça, Myles ? Le jeune homme se doutait bien que cette question allait arriver tôt ou tard. Mais Elea paraissait hésitante, d’ailleurs elle avait l’air de déjà regretter d’avoir posé la question -Tu ... Tu n'es pas obligé de répondre, tu sais. Non c’est vrai il n’était pas obligé de lui répondre. Et pourtant c’est ce qu’il fit…

« Hmm j’imagine que si je te dis que je suis tombé dans les escaliers ça ne te conviendrait pas comme réponse ? » Très drole. « Disons simplement que je me suis battu. Mais comparé à l’autre type crois moi, je suis légèrement amoché » Pas sur que ça lui plaise ce qu’il venait de dire, m’enfin en même temps c’était la vérité. M’enfin Myles était quand même plutôt vague, mais il n’avait pas tellement envie qu’elle apprenne quels étaient ses passes temps. En partie parce que c’était illégal. Et surtout qu’il était en conditionnelle.

Quand Myles lui avoua s’être battu, à en voir par la réaction sur le visage d’Elea il comprit clairement qu’elle condamnait son attitude. Miss devait être une de ces filles pacifiques qui prônait la paix plutôt que la violence. Du genre faite l’amour pas la guerre. Elle ne serait pas au bout de ses surprises si elle apprenait qu’il faisait carrément parti d’une ligue de combat. Qu’il se battait genre pas pour se défendre, mais juste pour le plaisir. En tout cas il avait peut être salement amoché l’autre type, mais c’était la dure loi du combat, il savait très bien à quoi s’attendre, il était consentant. Ce n’était pas comme si il s’en était prit au premier snock du coin. C’était un match loyal, d’égal à égal. Il n’était pas du genre à s’en prendre aux plus faibles que lui. Et puis de toute manière où serait l’intérêt je vous le demande ?

Myles fut quand même reconnaissant à la demoiselle qui n’insista pas dans ses questions. Il n’aimait pas mentir et c’est ce qu’il aurait été obligé de faire si elle avait cherché à en savoir plus. Elle comprit que ce n’était clairement pas le moment d’en parler. De toute manière il était probable qu’elle ne le sache jamais. Ce n’était pas de si tôt qu’il comptait se confier à elle. Il avait sa part d’ombre, de mystère, et il espérait bien que ça reste ainsi encore longtemps.

Maintenant qu’Elea avait accomplie sa bonne action de la journée, Myles s’était attendu à ce qu’elle retourne dans son atelier. Mais au lieu de ça, surprise elle lui demanda s’il n’avait pas un petit creux. Tu veux manger quelque chose, l’idiot du village ? Je vais me faire un sandwich. Décidément cette blondinette était pleine de surprises. Et à vrai dire ça le gênait un peu toute cette attention d’un coup. C’est qu’il n’avait pas l’habitude qu’on se montre si gentil avec lui. Mais il ne comptait certainement pas profiter de sa gentillesse. Et puis c’était pas sa bonne non plus, ce n’était pas parce qu’il avec quelques bobos qu’il avait besoin d’une nounou attitrée. Ce n’était pas un impotent non plus. La plupart auraient surement sauté sur l’occasion pour profiter d’elle mais pas lui. Il n’était pas du genre macho à penser que les rôles de la femme et de l’homme étaient clairement établis dès la naissance.

« Non…Je vais plutôt aller prendre une douche » Et c’est alors, restez bien cramponné à vos sièges, va se produire quelque chose d’impensable…« Mais merci quand même » Et oui incroyable mais vrai Myles venait de se montrer poli !!! Si si si, peut être finalement était ce Elea qui déteignait sur lui. Allez savoir.

Myles posa la poche de glace sur la table basse et se leva du canapé comme si il n’avait absolument pas mal. Il était sur le point de se diriger vers la salle de bain, quand il décida de se retourner vers Elea, ayant une question qui le taraudait. M’enfin peut être allait il regretter d’avoir posé sa question.

« Pourquoi tu te montres si… » Quel mot choisir ? « …aimable avec moi ? Je comprend pas » Sa phrase sous entendait bien, genre je suis excécrable avec toi, alors qu'est ce que j'ai fais pour mériter un tel traitement ?

Myles fut reconnaissant envers Elea qui ne balança aucune remarque désobligeante suite à sa soudaine politesse. En même temps ça valait mieux pour elle, parce que bon si c’était pour le charrier, elle pouvait rêver pour que cela se reproduire dans le futur. Myles se sentait peut être coupable allez savoir…Du fait qu’il soit aussi exécrable avec une fille aussi gentille. Mais merde ça le faisait chier ! Il aurait largement préféré qu’elle lui balance elle aussi des vacheries, qu’il est en fait une bonne raison de continuer ainsi. Parce que bon hey il avait un cœur, il n’était pas un monstre non plus, il était doté de sentiments comme tout le monde. Seulement il préférait les garder très très enfouis, histoire de se protéger. Chacun sa méthode, la sienne n’était certainement pas la meilleure, mais c’est celle qu’il avait choisi d’adopter.

En s’arrêtant pour demander à Elea les raisons de son comportement il sentit tout de suite qu’il allait regretter de poser la question. Parce qu’a dire vrai il n’était pas vraiment sure de vouloir entendre la réponse. En fait il s’en doutait un peu…Et ça ne lui plaisait pas tant que ça. Il avait l’impression qu’elle agissait ainsi par…pitié. Ouep qu’elle s’était prise de compassion pour sa petite personne et dans l’état lamentable auquel il était. Seulement lui il en avait absolument pas besoin de sa pitié !!! En tout cas la demoiselle trouva encore le moyen de le surprendre puisque pour sa réponse elle s’approcha de lui pour lui déposer un baiser sur la joue. Non décidément c’était trop d’honneurs pour lui ! C’était quand même un tendre baiser…

- Pour ta belle gueule, pour quoi d’autre ?

Myles en fut presque soulagé qu’elle décide de la jouer ainsi. Il n’était pas dupe il savait pertinemment qu’elle n’était pas sincère avec lui. Comme si elle pouvait supporter toutes ses conneries justes pour sa belle gueule. Elea était loin d’être aussi superficielle il le savait. La situation devenant trop sérieuse pour lui – de sa faute d’ailleurs, il décida de prendre la perche qu’elle lui tendait.

« J’en étais sure ! Toutes les filles craquent pour moi, je suis irrésistible. »

Voilà une réponse sur le ton de la plaisanterie – parce qu’en réalité il était loin de penser ça – histoire d’alléger la situation. Il ne comptait pas insister et lui poser plus de questions. Ça valait mieux pour tout le monde. Ils allaient en rester là et c’était très bien.

Sur ce Myles tourna les talons et disparu dans la salle de bain.